skyroad roadtrip irlande

La route du Ciel.Non, ce n'est pas à un remake des Routes du paradis que nous faisons ici allusion (ce voyage-là serait certes inoubliable mais un peu trop sans retour) : la route du Ciel est une route plus terrestre, irlandaise, pour être exact. Et elle offre un des road trips les plus inoubliables qui soient, le long des lacs du Connemara (vous êtes prié de ne pas chanter). La région du Connemara occupe une péninsule à l’ouest de l’Irlande. Ses paysages sont incroyablement envoûtants, qu’il s’agisse des montagnes ou de la route côtière, des tourbières ou des lacs, des collines embrumées ou des champs couleur émeraude.

Le Connemara est avant tout une région rurale : il compte très peu de grandes villes, et est ponctué de fermes et de villages pittoresques, où le gaélique est toujours parlé. La route du Ciel, d’une beauté stupéfiante, forme une boucle autour d’un promontoire ouvert sur une série de petites îles. Le voyage commence à Clifden, jolie ville à demi cachée dans les collines verdoyantes. De la bourgade d’origine, fondée par un propriétaire terrien de la région, John d’Arcy, il ne reste que les ruines d’un château à l’extérieur de la ville. Le lieu a une importance historique plus importante qu'il n'y paraît. Grâce à sa situation, à la pointe occidentale de l’Irlande, Clifden fut en effet choisie pour accueillir l’une des premières stations télégraphiques transatlantiques. Entre 1907 et 1911, des messages furent ainsi envoyés au Canada. Les aviateurs britanniques Alcock et Brown achevèrent aussi le premier vol transatlantique en 1919 en s’écrasant dans la tourbière de Derrygimlagh, non loin de là.

À l’arrière-plan se dresse la singulière silhouette des Twelve Bens (Na Beanna Beola, en gaélique), douze pics montagneux très appréciés des randonneurs. La route du Ciel est bien indiquée à la sortie ouest de la ville, après les ruines du château. De style néogothique, entouré d’élégants jardins, le château de Clifden fut érigé par d'Arcy en 1750, et resta longtemps le plus bel édifice de la région. Abandonné quelque cent ans plus tard, il tomba en ruine, et la nature finit par reprendre ses droits sur le parc et ses jardins. Au niveau du château, la route se sépare en deux. La partie haute, la plus prisée, offre de belles vues panoramiques tandis que la partie basse suit de près le rivage. La première ne cesse de monter, dépassant une ancienne station des garde-côtes et traversant de magnifiques décors à mesure qu’elle se rapproche de la pointe de la péninsule.

Tout en haut, un promontoire invite à admirer l’horizon ainsi que l’île d’Inishturk (« sanglier sauvage »); avec un peu de chance, on peut même y apercevoir des dauphins ou des phoques gris. Il n’existe aucune ligne régulière pour se rendre sur les îles au large, mais des agences de tourisme locales proposent des excursions, traversée comprise. La route continue vers le nord, croisant des cottages aux murs blancs et des champs verdoyants où paissent les poneys connemara. Cette race, connue pour son intelligence, sa résistance et son adaptabilité, a été exportée dans le monde entier. Un rapide détour conduit au hameau d’Eyrephort, où se trouve l’unique sépulture viking connue de la baie de Galway. On peut y faire halte dans de minuscules criques et sur des plages de sable fin entourées de rochers noirs. De retour sur la route du Ciel, on peut se rendre à Knockavally, où se dresse un impressionnant dolmen vieux de 5000 ans.

La route forme ensuite une courbe autour de l’étroit bras de mer de Streamstown Bay, longeant une carrière où est produit du marbre du Connemara, à la couleur vert foncé. Utilisé depuis l’arrivée des premiers colons il y a de cela plusieurs milliers d’années, le marbre reste un matériau prisé et onéreux. La route du Ciel rejoint la N59, principale route de la région, pour redescendre vers Clifden; toutefois, un crochet vers le nord en direction de latterfrack, à 15 kilomètres de Clifden, s’impose. C’est en effet là que l’on accueille les visiteurs venus découvrir le parc national du Connemara, une magnifique zone sauvage protégée, paradis des randonneurs et des observateurs d'oiseaux. Divers chemins font traverser les tourbières, pâturages, la lande et les bois de la région. Et autant vous dire qu'il est difficile de retrouver le chemin de la civilisation après avoir goûté à l'atmosphère des lieux. Le Connemara a par endroits des allures de Brocéliande. Pas la forêt telle qu'on la connaît aujourd'hui, mais celle des légendes, où l'on pouvait se faire piéger par des fées dans de fichus lacs. Lorsque vous reprendrez la route pour retrouver la civilisation, il est d'ailleurs probable qu'une partie de vous reste à jamais là-bas, dans le Connemara.

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